1. Contexte, justification et ancrage de l’étude
1.1 Contexte et justification
La présente étude évalue la contribution de la recherche scientifique au développement du Cameroun entre les années 2000 et 2022. Elle se concentre sur l’apport des instituts de recherche publique, placés sous-tutelle du Ministère de la recherche scientifique et de l’innovation à la croissance socioéconomique du pays. La réalisation d’une étude portant sur l’évaluation de la contribution d’un secteur aussi important que la recherche au développement répond à un double objectif : premièrement, dans un contexte économique dit « de la connaissance » , l’étude permet de fournir au gouvernement Camerounais des indicateurs chiffrés susceptibles de lui permettre de mesurer d’une part, la contribution réelle de ce secteur à la croissance économique et d’envisager, d’autre part, des réformes structurelles susceptibles de rendre son système de recherche plus performant et compétitif.
Deuxièmement, l’approche prospective du projet, permet d’élaborer un cadre logique garantissant une planification cohérente en ce qui concerne l’expansion et les investissements à envisager en fonction des besoins et des défis qui interpellent le Cameroun dans sa quête de développement.
S’il est admis que les performances des systèmes nationaux de recherche dans le monde sont devenues des critères de souveraineté des États et d’amélioration des conditions d’existence des populations dans les pays les plus avancés, on se rend compte que l’innovation et la technologie jouent un rôle important dans la croissance économique. En effet, le 24 juillet 1997, Lionel Jospin, alors Premier Ministre Français, estimait que la capacité d’innovation de la recherche française était une garantie de la compétitivité de l’économie de ce pays. Pour lui,
La compétition économique de demain sera une bataille de la création et de l’invention. Notre insertion dans la compétition internationale reposera de plus en plus sur notre capacité d’innovation et de recherche et sur la qualité de notre éducation et de notre formation.
Si l’ambition de faire du Cameroun un pays émergent à l’horizon 2035 passe par la compétitivité de son économie et de l’insertion de celle-ci dans la mondialisation, cet objectif doit être adossé sur une recherche performante capable de produire de nouvelles connaissances susceptibles d’être transformées en procédés utilisables pour l’industrie. Trois moments sont ainsi importants pour atteindre un développement durable articulé sur la connaissance et la maîtrise des technologies :
- la recherche fondamentale source de la connaissance de base ;
- la recherche appliquée au sein des entreprises pour résoudre des problèmes techniques
- le développement et la diffusion des nouveaux biens et services ou des nouveaux procédés introduits sur le marché.
La robustesse d’un système de recherche est un atout majeur qui permet dans des contextes de récession économique, « la reprise de la productivité plurifactorielle ». Cela dit, après les crises économiques, « la technologie et l’innovation apparaissent comme des facteurs de premier plan dans les récentes performances de croissance ».
La recherche occupe donc une place très importante dans les perspectives de développement. Jusqu’ici, l’absence d’indicateurs fiables permettant d’évaluer l’apport du secteur de la recherche scientifique au développement est apparue comme un handicap à la dynamisation de la recherche Camerounaise. Si des données existent sur l’impact des Universités sur le développement économique du Cameroun, peu d’études se sont intéressées à la contribution des instituts de recherche publique à la croissance du pays. Ce projet se propose de combler cette absence de lisibilité en évaluant leur rôle sur plus de deux décennies au cours desquelles, l’État Camerounais a amorcé des réformes dans le domaine de la promotion de la science et des technologies.
Entre 2000 et 2022, la recherche scientifique camerounaise a connu des changements majeurs qui ont à la fois impacté son fonctionnement et ses performances. La création en 2004 d’un Ministère en charge de la Recherche Scientifique et de l’Innovation marquait l’ambition du gouvernement camerounais d’accorder plus de place aux technologies et à l’inventivité. Ce changement de paradigme s’est accompagné d’un ensemble d’actions. Celles-ci ont été orientées vers la modernisation infrastructurelle, le recrutement d’une main d’œuvre qualifiée qui, entre 2002 et 2021, a substantiellement crû, même si cette dynamique ne s’est pas accompagnée d’une hausse des allocations budgétaires dédiées au fonctionnement des instituts de recherche sous tutelle du MINRESI. Dans ces conditions, quelle a été la contribution des instituts de recherche au développement socioéconomique du Cameroun ?
Dans un contexte mondial de plus en volatile, la maîtrise de la technologie et de l’innovation dans des domaines variés permet aux États de faire face à l’incertitude créée par des défis qui bousculent et changent la vie des nations. Il s’agit des questions environnementales caractérisées par la prise en compte d’un développement qui tienne compte de la préservation de la nature, la gestion des catastrophes naturelles qui entrainent des migrations et des incertitudes sociales. Aussi, le développement pour être durable doit-il tenir compte des projections en matière de croissance démographique de la population et de ses corollaires que sont la gestion des maladies émergentes et ré-émergentes, les demandes de logements, d’emplois, et de nourriture, les pénuries énergétiques, l’instabilité politique créée par la pression sur les ressources et leur distribution équitable, etc.
1.2. Ancrage politique et institutionnel
La présente étude souligne la nécessité de la mise en place d’un un cadre de référence sur la base des indicateurs objectivement vérifiables pour mieux évaluer la contribution de la recherche publique au développement d’une part, et d’autre part, d’un document de vulgarisation élargie des résultats de la recherche afin de réduire la distance entre les populations et les travaux des chercheurs.
Ce projet se fonde tour à tour sur les Objectifs du Développement Durable (ODD), le préambule de la Constitution, la Vision du Chef de l’État pour un Cameroun émergent à l’horizon 2035, la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 et la Stratégie du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation (MINRESI).
Les Objectifs du Développement Durable (ODD) qui s’appliquent à tous les pays du monde préoccupent le Gouvernement camerounais en général et le MINRESI en particulier. L’ODD 16 « paix, justice et institutions efficaces » ambitionne de bâtir des institutions efficaces, redevables et inclusives à tous les niveaux. Ce qui rejoint ici l’esprit de ce projet dont le but est de rendre plus visible le travail effectué entre 2000 et 2022 par le MINRESI dans une perspective évaluative et prospective afin de mieux apprécier et accompagner le Cameroun dans la réalisation de la SND-30. En s’appropriant ces objectifs, ce Département Ministériel entend mener des activités qui s’inscrivent dans la matrice d’actions prioritaires de la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND-30). Selon la SND-30, l’objectif du gouvernement est de fournir « un cadre de vie adéquat constitué des facilités sociales de base telles que l’eau, l’électricité et le logement décent » (SND-30, p. 91).Pour atteindre cet objectif, il faut adosser les politiques nationales sur la science et la technologie comme l’affirme le Chef de l’État dans son ouvrage intitulé Pour le Libéralisme Communautaire:
Le succès de notre agriculture, l’implantation d’une industrie agro-alimentaire, la réalisation de grandes infrastructures, le développement d’une industrie lourde, l’efficacité même de l’ensemble de nos services dépendent d’une donnée de base : la maîtrise de la science et de la technologie ; tant que notre économie ne disposera pas de cette maîtrise, elle sera condamnée à piétiner et ne connaîtra jamais un vrai décollage. Il faut donc dire : La vulgarisation de la technologie appliquée à notre milieu sera le garant de notre développement d’où la nécessité d’une éducation de masse dans les sciences et la technologie appliquée. Cette éducation doit commencer par l’enfant à l’école, passer par la formation permanente des adultes dans les domaines de leurs activités, déboucher sur des écoles scientifiques hautement spécialisées, pour continuer dans les Instituts de recherche capables d’asseoir la crédibilité de notre génie créateur.
Ainsi, l’objectif à atteindre par la recherche, est de mener des analyses à même de modeler un type d’Homme et de mentalité porté vers une transformation sociale encline au développement et à la croissance. La finalité de la recherche étant d’apporter au plus grand nombre des conditions de vie aussi bonnes que possible et une véritable égalité des chances. Les recherches menées par le MINRESI, s’emploient à produire des résultats de la recherche susceptibles de contribuer, notamment, à la lutte contre les changements sociaux, économiques, climatiques et politiques ainsi que d’autres fléaux sociaux. Ces résultats servent comme outils d’aide à la décision politique dans différents secteurs par le Gouvernement et les partenaires au développement. Mais, également, pour un souci de redevabilité et d’inclusion, ces résultats se doivent d’être plus visibles et accessibles au plus grand nombre afin qu’ils puissent les capitaliser dans le cadre de leurs activités productives. La mise en place d’un cadre de référence de la recherche scientifique et innovation, et d’une stratégie de diffusion des résultats de la recherche revêt un intérêt capital pour le Cameroun surtout dans un contexte où l’objectif est de construire un pays émergent d’ici 2035.
a) Objectif général
L’objectif global de l’étude est d’évaluer de l’impact socioéconomique de la Recherche Scientifique et innovation (RSI) au Cameroun.
b) Objectifs spécifiques
1. Faire un état des lieux des ressources humaines, des moyens financiers et matériels de la recherche scientifique et innovation au Cameroun(2000-2022)
2. Chiffrer la production scientifique dans les différents domaines de la recherche scientifique et innovation au Cameroun (2000-2022)
3. Évaluer l’impact de la recherche scientifique et innovation sur le système productif et la croissance au Cameroun
4. Mesurer l’impact de la RS sur la connaissance
5. Formuler les perspectives pour l’optimisation des performances de la recherche scientifique et innovation en vue de l’accélération du développement au Cameroun
6. Proposer un cadre de référence sur la base des indicateurs objectivement vérifiables pour mieux évaluer la contribution de la recherche scientifique et innovation au développement
La participation à cet Appel à Manifestation d’Intérêt est ouverte à tous les Consultants, de droit camerounais, justifiant des capacités administratives, techniques et financières suivantes :
- Présenter un dossier administratif conforme aux spécifications ;
- Avoir une expérience de travail avec l’administration ;
- Avoir des références avérées dans le domaine de la programmation, la conduite et le suivi des travaux de recherche ;
- Avoir des compétences avérées (travaux similaires) en matière de conduite des activités de rédaction des documents de cadrage ;
- Avoir une bonne connaissance du système national de Recherche et des structures de recherche;
- avoir des capacités d’analyse et d’interprétations des données;
- Disposer d’une équipe pluridisciplinaire ou s’engager à en recruter et du matériel pour réaliser la prestation.
Les prestations objet du présent Avis d’Appel à Manifestation d’Intérêt, seront financées par le Budget d’Investissement Public du CNE -exercice 2023.
Les dossiers de candidature seront remis en quatre (04) exemplaires dont un (01) original et trois (03) copies marquées comme telles, sous pli fermé scellé et comportant deux enveloppes distinctes au Service des Marchés Publics du Ministère de la Recherche Scientifique et de l’Innovation, au plus tard le 04 mai 2023 à 14 heures, heure locale et devra porter la mention.
« AVIS D’APPEL A MANIFESTATION D’INTERET N°001/AAMI/MINRESI/SG/DAG/2023 DU 03 AVRIL 2023 POUR L’ÉVALUATION DE L’IMPACT SOCIOECONOMIQUE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET INNOVATION AU CAMEROUN : 2000-2022 ».
A N’OUVRIR QU’EN SEANCE DE DEPOUILLEMENT.
Les candidats intéressés par le présent Appel à Manifestation d’Intérêt, devront fournir les pièces ci-après, présentées en un seul volume :
a-) Pièces administratives
Elles seront constituées des documents administratifs (originaux ou copies certifiées conformes, datées de moins de trois (03) mois) :
- une lettre de motivation timbrée, datée et signée du candidat ;
- une attestation d’immatriculation ;
- un certificat de non faillite délivrée par le tribunal de Première Instance du domicile du candidat datant de moins de trois (03) mois ;
- une attestation de non exclusion des marchés publics délivrée par l’Agence de Régulation des Marchés Publics (ARMP) datant de moins de trois (03) mois ;
- une attestation de non redevance datant de moins de trois (03) mois.
NB : L’absence ou la non validité de l’une des pièces ci-dessus citées entraînera l’élimination du candidat.
b) Dossier technique
Le dossier technique devra comprendre :
a) L’organigramme complet et le personnel composant le Cabinet ou proposé par le consultant.
b) Une brève description du candidat et un aperçu de son expérience dans le cadre des missions similaires (04 références des prestations similaires durant les dix dernières années). Pour chacune d’entre elles, ce résumé doit notamment indiquer la nature de la mission, les caractéristiques du personnel employé, la durée de la mission, le montant du contrat. (1ère et dernière page du marché + PV de réception).
c) Une liste du personnel clé qui sera affecté à la réalisation des prestations. Pour chaque personnel le candidat fournira les pièces suivantes :
- un CV daté et signé par le concerné ;
- une copie certifiée conforme du diplôme datant de moins de trois (03) mois;
- la définition des tâches proposées pour chaque personnel.
NB : chaque membre de l’équipe produira les justificatifs pertinents de son expérience dans le domaine visé par la présente prestation.
L’équipe-projet sera composée des expertises suivantes :
• Chef de mission : Avoir au minimum BAC+5 en sciences sociales pour le développement ou encore en ingénierie de développement ou disciplines connexes et ayant déjà coordonné un projet de recherche en sciences sociales ;
• Membres
- 01 politologue : ayant au moins quatre ans d’expérience dans le domaine de l’évaluation des politiques publiques.
- 01 spécialiste des questions de genre : ayant une expérience professionnelle de cinq ans au minimum dans l’exercice d’activités liées aux questions de genre de manière générale, et au moins deux ans dans la prise en compte du genre dans les politiques publiques. L’expert doit avoir de bonnes connaissances dans la collecte le principe d’éthique et de sécurité de l’OMS, les stratégies de prévention et de réponse aux VGB.
- 02 sociologues : ayant au moins quatre ans d’expérience dans le domaine de la sociologie de l’action publique. L’expert doit avoir de bonnes connaissances dans la collecte, le principe d’éthique et de sécurité de l’OMS, les stratégies de traitement et d’analyses des données.
- 02 géo-stratèges : ayant au moins deux ans d’expérience professionnelle et ayant déjà participé à l’exécution de projets similaires.
- 01 statisticien : ayant au moins quatre ans d’expérience professionnelle et ayant déjà participé à l’exécution de projets similaires.
- 01 linguiste : ayant au moins quatre ans d’expérience professionnelle et ayant déjà participé à l’exécution de projets similaires.
- 01 économiste : ayant au moins six ans d’expérience professionnelle et ayant déjà participé à l’exécution de projets similaires.
- 01 juriste : ayant au moins quatre ans d’expérience professionnelle et ayant déjà participé à l’exécution de projets similaires. L’expert doit évaluer le cadre juridique et institutionnel de l’action publique.
d) Les moyens techniques et matériels dont dispose le candidat et qui seront mobilisés dans le cadre de la mission (matériel, logistique, communication et informatique).
Les qualifications et compétences minimales exigées du consultant :
- Avoir une expérience en technique en suivi-évaluation des projets ;
- Avoir une bonne connaissance des politiques de la recherche scientifique et innovation ;
- Avoir une bonne connaissance des institutions de la recherche scientifique et innovation;
- Avoir une bonne connaissance des outils, instruments juridiques de pilotage de la recherche scientifique et innovation ;
- Avoir participé aux projets similaires ;
- Avoir une excellente capacité d’analyse et de synthèse ;
- Avoir un excellent niveau de Français (parlé et écrit) et une bonne connaissance de l’anglais serait un atout.
- Maîtriser l’outil informatique (traitement de texte, tableur, power point…).
Le dossier sera évalué suivant les critères ci-après :
a) Critères éliminatoires
- pièces falsifiées ou fausse déclaration ;
- dossier administratif incomplet ;
- note technique inférieure à 80/100.
b) Critères essentiels
Les critères essentiels d’évaluation des offres sont les suivants :
- Présentation générale de l’offre 05 points
- Références du candidat 40 points
- Qualification et compétence du personnel clé 40 points
- Moyens matériels et logistiques 15 points
Seuls les candidats qui auront totalisé à l’issue de l’évaluation une note technique au moins égale à quatre-vingt (80) points sur cent (100) seront retenus dans la liste des sociétés à consulter dans le cadre d’un appel d’offre restreint. Les informations complémentaires sur le détail des critères essentiels, peuvent être obtenus aux heures ouvrables au Service administratif et financier du CNE, BP 6331, téléphone 222 23 40 12/699 33 48 91.
Les renseignements complémentaires peuvent être obtenus aux heures ouvrables au Service administratif et financier du CNE, BP 6331, téléphone 222 23 40 12/699 33 48 91.
Numéro vert du MINMAP
Pour toute tentative de corruption ou faits de mauvaises pratiques, bien vouloir appeler le MINMAP ou envoyer un SMS aux numéros suivants : 673 20 57 25/699 37 07 48.
Les candidats retenus seront consultés dans le cadre de l’appel d’offres restreint qui leur sera adressé conformément au Code des Marchés Publics au Cameroun.